Un essai qui éclaire les liens qui existent entre la crise écologique et le colonialisme, entre l’exploitation de la nature et l’esclavagisme.
Le monde est en pleine tempête. Derrière sa prétention à l’universalité et son imaginaire d’une arche de Noé, la pensée environnementale s’est construite en occultant les fondations coloniales, patriarcales et racistes de la modernité.
Penser l’écologie depuis le monde caribéen confronte cette absence à partir d’une région où impérialismes, esclavagismes et écocides nouèrent violemment les destins des Européens, Amérindiens et Africains. Le navire négrier rappelle que certains sont enchaînés à la cale et parfois jetés par-dessus bord à la seule idée de la tempête.
Tel est l’impensé de la double fracture moderne qui sépare les dominations coloniales des destructions environnementales. Or panser cette fracture demeure la clé d’un « habiter ensemble » qui préserve les écosystèmes tout autant que les dignités. L’« écologie décoloniale » a ainsi pour ambition, face à la tempête, de dessiner un monde commun et juste pour humains et non-humains : un navire-monde.
Ingénieur en environnement de University College London (UCL), Malcom Ferdinand est docteur en philosophie politique de l’université Paris-Diderot et chercheur au CNRS (IRISSO / Université Paris-Dauphine).
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